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Les érables et la myopathie atypique

La myopathie atypique équine est une pathologie due à une intoxication végétale qui touche les équidés (chevaux, poneys, ânes...). Reconnue comme étant une infection spécifique des équidés en 1984, des études sont aujourd'hui toujours en cours pour comprendre ses mécanismes, ses causes, et savoir si d'autres espèces peuvent être touchées. Les chances de survie sont faibles, d'après les recherches actuelles, entre 75 et 80% des chevaux ayant contracté la MAE n'y survivent pas. La toxine responsable est l'hypoglycine A.

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Une fois ingérée, elle est métabolisée en un composé toxique, le MCPA. Ce composé provoque des désordres métaboliques dont le plus "important" est celui qui empêche l'utilisation des lipides par les cellules. La conséquence de ces désordres est une accumulations de produits de dégradation du métabolisme énergétique dans le sang. Les muscles manquant d'énergie vont se dégrader et libérer de la myoglobine dans le sang. C'est cette myoglobine qui donnera les urines foncées et la couleur des muqueuses chez les chevaux atteints. La quantité de toxine varie d'une samare à l'autre mais il a été établit que 20 g peuvent suffire à tuer un équidé. 

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Les symptômes les plus fréquemment constatés sont les suivants:

- Cheval raide du train arrière.

- Cheval abattu.

- Diminution de l'appétit puis "boulimie".

- Urines foncées.

- Muqueuses foncées.

- Difficultés respiratoires.

- Signes de colique.

- Cheval qui transpire et tremble.

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A ce jour, deux espèces d’érables présentes en France ont été incriminées dans l’intoxication qui conduit à la Myopathie Atypique des équidés : Acer pseudoplatanus (Érable sycomore) et Acer negundo (Érable negundo).

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En ce qui concerne l’érable sycomore, il s’agit d’une espèce EUROPÉENNE qui a toujours été là et qui a sa place et son rôle au sein de nos écosystèmes. Facilement reconnaissable à la forme de ses feuilles et à l’écartement entre les deux samares de son fruit, c’est une espèce très commune en France. Qui plus est, je rappelle que raser tous les Érables autour de vos pâtures ne protégera pas forcément vos chevaux, un disamare poussé par un bon vent pouvant se retrouver à plus de 500m de l’arbre mère.

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Concernant le Negundo, il s’agit d’une espèce exotique envahissante arrivée d’Amérique du Nord et ayant un impact négatif sur les espèces autochtones, celui-ci, si vous avez l’occasion de le faire disparaître (après vous être renseigné sur la meilleure méthode, et pas de phytosanitaires…), faites-le. En cas de doute, contactez un organisme comme les CBN qui sauront vous donner les bonnes consignes. Beaucoup moins commun que le sycomore, il est néanmoins bien présent dans certaines zones. Il est le seul Érable à posséder une feuille composée semblable au premier coup d’œil avec celle du Frêne, attention à ne pas les confondre ! Pour cela, comptez le nombre de « feuilles », en réalité les folioles. Chez le negundo, jamais plus de 7 folioles (généralement 5), le Frêne lui en possède jusqu’à 13 et ses samares sont simples. Seconde critère pour les différencier, les samares des Érables sont accrochés par deux, contrairement à ceux du Frêne, qui font cavalier seul.

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Enfin, les autres espèces d’érables présentes en France (Acer campestre et Acer platanoides pour les sauvages) ne sont pour le moment pas reliés à la maladie. Ils ont été écartés en juin 2017 par l'Université de Liège.

La MAE est une maladie saisonnière, qui se déclare principalement à l'automne et au printemps. Les samares ont été identifiés comme étant la partie de la plante avec la plus forte concentration de toxine. Ils tombent en fin d'été, provoquant les cas d'automne. Les grappes de fleurs contiennent également une forte dose de toxine. Si nous nous inquiétons fortement au moment de la chute des samares au sol, le printemps représente aussi une période à risque car les plantules contiennent toujours la toxine se trouvant dans la graine à partir de laquelle elles se sont développées. Les feuilles contiennent la toxine en moindre proportion. D'après les études les plus récentes, la toxine est passe dans l'eau. Il est donc indispensable de contrôler les points d'eau de vos chevaux.

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Dernier point avant de passer à la prévention : utiliser des phytosanitaires pour « protéger » nos chevaux de ces espèces ne mène à rien. Figurez vous que si l’action en est moins fulgurante, mettre de tels produits dans le sol dans lequel se développent les plantes que consomment vos chevaux n’est pas meilleur pour eux et qui plus est, cela mènera à l’appauvrissement de votre prairie et favorisera l’apparition d’espèces peu exigeantes telles que le Séneçon de Jacob, que l’on a pas franchement envie de voir dans la pâture de nos protégés. Soigner la peste avec le choléra n’a jamais mené à rien, qu’on se le dise.

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PRÉVENTION :


Chacun voit midi à sa porte, pour ma part je n’enferme pas mes juments pour les protéger des plantes toxiques. Des mesures simples et une surveillance de chaque instant en connaissance des symptômes sont a mon sens bien plus judicieux.

1. Les chevaux au pré doivent disposer de foin à volonté afin de diminuer les risques de les voir consommer des samares en raclant le sol.
2. Pour la même raison, les carences en minéraux etc doivent être réduite au maximum, pour cela, apportez un CMV adapté à la ration et laissez en plus une pierre à sel à disposition dans le pré, de façon à ce que s’ils en ressentent le besoin, ils aillent vers elle et non vers le sol.

3. Si vous avez des érables sycomore ou negundo autour du pré, tentez de voir avec les propriétaires des arbres pour qu'ils soient élaguez ou, dans la mesure du possible, parcellisez votre prairie de façon à cantonner les chevaux dans les parties les moins à risques le temps de passer la mauvaise période (en faisant ca vous gagnerez aussi dans l’entretien de votre prairie en faisant des rotations sur les différentes parcelles).

4. Passez régulièrement dans le pré, en particulier après les jours de grand vent, pour contrôler la présence de samares dans votre pré.

5. Faites marcher votre cheval chaque jour (une fois le matin et une fois le soir si possible) afin de vérifier qu’il ne présente pas de raideur au niveau des postérieurs. Si c’est le cas, surveillez les autres symptômes de prés (cheval abattu, perte d’appétit, parfois signes de coliques). Et si votre cheval présente plusieurs de ces signes, faites venir le vétérinaire en urgence en expliquant bien que vous suspectez une MA. Si en plus votre cheval urine foncé devant vous, signalez le au vétérinaire qui devrait de suite faire les test nécessaires et mettre en place le traitement des symptômes.

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Le temps de prise en charge est un facteur essentiel dans les chances qu’a votre cheval de survivre à l’intoxication. Plus vous serez informé et apte à réagir rapidement, plus il aura de chance de s’en sortir. Dernière chose, n’oublions pas que si chaque individu possède sa propre sensibilité et ses propres capacités de résistance, les poulains et les vieux chevaux y résistent moins bien, soyez d’autant plus vigilants.

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