Des arbres dans ma prairie...
Les arbres fourragers sont des alliés précieux dans l’alimentation de nos équidés. Et pourtant, depuis des décennies ils ont été peu à peu écartés et oubliés au profit de prairie rases. La perte de biodiversité dans nos herbages n’est pas nouvelle, elle a été orchestrée depuis des années par la recherche d’une rentabilité des parcelles, dans une optique de production. Cependant, ce fonctionnement n’est bon ni pour nos chevaux, ni pour l’environnement. La diminution de la diversité végétale se retrouve dans toutes les strates de végétation, des herbacées aux arborescents en passant par les arbustifs. Si les prairies ray grass-trèfle sont déjà une catastrophe pour l’organisme de nos herbivores domestiques, l’évolution des conditions climatiques nous amènera à terme à une insuffisance du couvert herbacé.
Les dernières années nous ont déjà montré l’impact des sécheresses de plus en plus longues accompagnée de températures élevées qui surviennent au printemps et en été, diminuant autant les coupes de foin que la quantité de matière végétale herbacée fraîche disponible. Que faire alors ? Engraisser toujours plus nos prairies à coup d’engrais ? Ne semer que des espèces très résistantes à la sécheresse et à l’implantation rapide telles que le Ray grass anglais (Lolium perenne) ?
Ces solutions ne sont pas pérennes, nous affaiblirons les organismes de nos équidés, nos sols et nos cortèges floristiques. Cela fonctionnera un temps, mais pas sur le long terme. A l’heure de la réflexion de nos actions et d’un usage responsable et durable de la nature, il existe d’autres solutions, et les arbres fourragers représentent, à mon sens, l’une des plus intéressantes et accessibles à mettre en place.
Une haie ou un îlot boisé dans une prairie présente de multiples avantages :
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Un abri contre le vent et la pluie, mais aussi et surtout contre la chaleur. Une haie bien aménagée permet de couper le vent sur une distance de 10 à 15 fois sa hauteur. Elle permettra aux chevaux de s’abriter et bien souvent ils préféreront la haie à un abri artificiel (pour autant les abris en dur ne sont pas à bannir). La température varie également au voisinage immédiat de la haie. Il y fera plus frais en été et légèrement plus chaud la nuit où en hiver.
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Une clôture plus efficace. Pour les chevaux fugueurs, une haie devant ou derrière la clôture permettra de diminuer nettement voir de supprimer les balades improvisées.
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Un effet sur le sol et sur l’eau. La haie, via le système racinaire des espèces qui la composent va permettre d’aérer le sol, de favoriser une vie microbienne active dans celui-ci. Elle permet également de diminuer le ruissellement et les risques de coulée de boue en permettant une meilleure infiltration des eaux de surface. Tout en jouant un rôle d’épuration de l’eau plus ou moins important selon les espèces présentes.
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Des îlots de biodiversité. Une haie ou un bosquet sont des abris pour nos chevaux certes, mais également pour un nombre important de mammifères, d’oiseaux, d’insectes et de plantes. Ces éléments, appelés « trame verte » permettent le repos, la reproduction et le déplacement des espèces d’un endroit à un autre. Ils sont essentiels au bon fonctionnement de nos écosystèmes. En préservant ou en installant une haie ou des zones arbustives dans vos prairies, vous agissez non seulement pour vos équidés, mais aussi pour la faune et la flore en général. Pour ces raisons, il sera important d’éviter de tailler la haie entre avril et fin juillet, période de reproduction d’une grande partie de la faune.
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Une diversité supplémentaire pour nos chevaux/nos ânes. Les arbres fourragers représentent un réel apport alimentaire et pas seulement par leur feuillage. Les chevaux iront volontiers en grignoter les écorces y compris en hiver. Il sera donc important de protéger une partie des arbres si les chevaux ont tendance à les écorcer de façon trop importante. A certaines périodes de l’année, il n’est pas rare de voir les chevaux la tête dans les arbres, se nourrissant de feuilles ou de petites branches. Ces dernières sont une ressource alimentaire complémentaire dans laquelle nos équidés trouveront des composés absents dans le couvert herbager. La haie permettra également l’implantation d’espèces dites de lisière, qui ne se développeront pas en milieu totalement ouvert. L’augmentation de la diversité floristique sera donc également présente au niveau du cortège herbacé.
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Une stimulation supplémentaire. Certains chevaux trouveront également dans les éléments arbustifs et/ou arborescent une source de divertissement non négligeable à condition que ces derniers soient aménagés dans le respect des impératifs biologiques des équidés.
Ces avantages ne sont évidemment valables que dans le cadre d’une haie composée d’espèces indigènes et non toxiques pour les équidés. On oubliera notamment le robinier faux acacia (Robinia pseudoacacia) que l’on voit parfois conseillé et qui est fortement toxique en plus d’être une espèce exotique envahissante. Dans les prochains articles de cette série seront passées en revue les espèces les plus intéressantes à implanter d’un point de vue général. Il est important de garder à l’esprit que selon la région où l’on se trouve, la nature du terrain, les conditions environnementales etc…Les données varient plus ou moins fortement et influent sur la réussite ou l’échec de la gestion que l’on met en place.