Harper australien et porcelle enracinée
Le Harper australien est une maladie neurologique causant des atteintes musculaires, étudiée pour la première fois à la fin du XIXème siècle. Une augmentation des cas après l’été caniculaire de 2003 l’a fait connaître du grand public, et a provoqué un regain d’intérêt de la part de la communauté scientifique, cherchant à comprendre les mécanismes de cette intoxication.
Le principal symptôme de la maladie est une hyperflexion involontaire des postérieurs, précédée d’un refus de reculer et de se mettre sur un cercle. Ces signes s’accompagnent parfois d’une paralysie laryngée. Cela est dû au fait que les principaux nerfs touchés par la maladie sont ceux innervant les muscles laryngés et les muscles des membres pelviens. L’hyperflexion des postérieurs n’est pas encore clairement expliquée. Cependant, une chose est sûre : l’atteinte neurologique qui cause l’atteinte musculaire est réversible si le cheval est pris en charge à temps. La rémission peut prendre plus d'une année complète. Dans les cas les plus graves où le cheval fini par refuser de se déplacer, la seule issue possible est l’euthanasie. Mais il est important de garder à l'esprit qu'un cheval ayant développé un harper suite à la consommation de porcelle pourra se remettre à partir du moment où on le place dans un environnement où la plante n'est pas présente.
La première mesure à prendre dans le cas du développement des symptômes est de changer le cheval de pâture tout en le laissant dehors pour qu’il puisse se déplacer à son bon vouloir, il est important qu’il marche. Les études menées jusqu’alors ont permis de démontrer que la toxicité de la plante varie d’une station à l’autre, il est donc essentiel de ne pas se dire que le cheval qui a déjà consommé de la porcelle a un endroit sans développer de symptômes est immunisé et ne déclarera jamais la maladie.
La porcelle enracinée est une plante vivace de la famille des Astéracées qui fleurit plusieurs fois entre juin et septembre (parfois même jusqu’en octobre). Souvent confondue avec les Pissenlits, elle s’en distingue très clairement par son inflorescence. Les tiges sont plus longues et souvent ramifiées (à l'inverse de celle du pissenlit qui est toujours unique), au sommet de chaque ramification se trouve un seul capitule jaune, typique de la famille des Astéracées. Les feuilles sont découpées sur leurs bords, placées en rosette, plaquées au sol et présentent des poils (a l'inverse de celles du pissenlit qui sont glabres). Il est peu aisé de donner une description botanique permettant une identification sure de la plante via un descriptif comme celui-ci c’est pourquoi l’important est que vous surveillez la présence de plantes semblables dans votre pâture et demandiez une identification à un professionnel si vous avez un doute ou si votre cheval déclare un Harper.
La porcelle une plante très commune en France, favorisée par une pression trop importante de pâturage et les sécheresses de plus en plus fréquentes. Le surpâturage créé une réduction de la diversité au sein du peuplement végétal de la pâture, seules les espèces les plus résistantes comme la porcelle se maintiennent. Privées de concurrence, elles ont tout loisir de se développer. L’augmentation des cas après les périodes de forte sécheresse s’explique par la résistance de la plante à des conditions sèches, qui lui permet de se maintenir quand les autres végétaux déclinent. Les chevaux sont donc plus à même de la consommer car ils disposent d’un choix alimentaire restreint. Habituellement, ils l’évitent bien que la plante soit appétante et que des cas de "boulimie" aient été constatés sur des chevaux qui la consommait de façon exagérée après une première ingestion.
Les meilleures mesures à prendre contre cette plante sont donc comme dans tous les cas, le maintien d’une prairie en bonne santé et diversifiée au maximum. Comme pour la plupart des plantes toxiques, il est bien plus simple d’empêcher une installation massive plutôt que de gérer le problème une fois que la plante est là. Il est très difficile de s’en débarrasser, cependant la solution de facilité souvent proposée par traitement phytosanitaire ne vous amènera qu’à détruire un peu plus votre prairie, et ce, que vous utilisiez un produit ciblé ou non. Je ne vous refais pas la liste des conséquences, elles sont citées sur presque chaque article de cette page. Le mieux à faire en cas d’infestation de la pâture est de fournir de la concurrence à la plante, via le semis de graminées adaptées au sol, qui se développeront, permettront de contenir sont développement et d’offrir une alternative aux chevaux. L'arrachage manuel peut également permettre de la faire régresser, associé à une fauche exportatrice des pieds qui ne pourront être arrachés cependant c'est un travail long et fastidieux dont vous aurez l'impression de ne pas voir la fin. La révision de la gestion de la prairie est la première des choses à faire en cas d'envahissement par cette plante.